Rappel pour ceux qui ont manqué les épisodes précédents : l’objectif d’un magazine féminin est de complexer sa lectrice, et de lui démontrer que telle qu’elle est, elle craint (sous couvert d’un message apparemment déculpabilisant, bien sûr). Ainsi, elle se considérera comme une sous-merde et souhaitera s’améliorer. Vulnérable, insatisfaite et mécontente d’elle-même, elle sera alors parfaitement conditionnée pour accueillir favorablement publicités, conseils shopping et autres propositions commerciales visant à faire d’elle une consommatrice disciplinée.
On peut résumer la stratégie ainsi :
1 – Titre accrocheur, si possible avec un jeu de mots un peu pourrave (pour que la lectrice baisse sa garde et se mette en état de réceptivité face au contenu).
2 – Démonstration sournoisement culpabilisante rendant la lectrice vulnérable, et lui donnant une mauvaise opinion d’elle-même (parce qu’elle s’épile mal, qu’elle n’a pas la peau satinée, qu’elle est trop grosse, trop flasque, trop bruyante…)
3 – Sanction du juge suprême sur le laisser-aller de la lectrice : l’Homme donne son avis/rend son verdict (car toute démarche destinée à améliorer ce chantier dégueulasse qu’est le corps féminin ne peut avoir qu’un seul objectif : plaire à l’homme. La femme, cette conne, ne fait jamais rien pour elle-même)
4 – Conseils permettant à la lectrice de s’améliorer. En achetant des choses évidemment.
5 – Rappel toujours utile : la femme est une princesse, se devant d’éradiquer gras et poils pour plaire au Mâle. Et au cas où elle aurait du gras malgré les merveilleux conseils dispensés par les magazines (ce qui tend à prouver que la femme est une feignasse négligée), elle serait priée de le planquer. Et d’agir. Notamment grâce à des livres dont le titre résume parfaitement la règle du conditionnement à l’insatisfaction : la lectrice est nulle, mais peut (doit ?) s’améliorer (y compris en se faisant charcuter).
Voilà. Maintenant vous pouvez devenir journaliste en presse féminine. Comment ça, NON ?